Édito
Qui se souvient de l’atmosphère de la salle lors des premières minutes d’une représentation de La Flûte enchantée filmée par Ingmar Bergman ? De ces visages d’enfants et d’adolescents spectateurs qui s’abandonnent à ce qui va advenir, de leurs yeux agrandis par l’écoute et l’attente ? C’était il y a une quarantaine d’années. Qui peut se souvenir à quel point de tels moments étaient rares à l’époque pour le jeune public, voire inimaginables sur la majeure partie du territoire ?
Chaque jour à présent, un peu partout dans notre pays, ce sont des milliers d’enfants et de jeunes qui se rassemblent autour de comédiens, de danseurs, de musiciens, de circassiens, de plasticiens… pour partager, dans un temps suspendu, le voyage d’une oeuvre dans la diversité des lieux et des formes d’expression de la création.
Le formidable développement artistique et culturel qu’a connu notre pays depuis l’avènement d’un ministère en charge de la Culture n’a en effet pas oublié ce public particulier que constitue la jeunesse. Aujourd’hui, la grande majorité des théâtres et festivals programment, dans toutes les disciplines artistiques, des spectacles destinés plus particulièrement aux publics jeunes, de la petite enfance au seuil de l’âge adulte. Des artistes toujours plus nombreux et exigeants affirment une spécialité dans ce domaine ou bien choisissent de se confronter aussi à la question d’une adresse à l’enfance. Aujourd’hui, la rencontre avec les oeuvres fait partie intégrante de nos politiques prioritaires d’éducation artistique et culturelle pour tous. Le temps est donc venu de mettre en lumière et plus en mouvement encore cette réalité. C’est tout le sens et tout l’enjeu de La Belle Saison avec l’enfance et la jeunesse.
C’est pourquoi je souhaite ardemment que de ce temps fort, dont la préparation a d’ores et déjà démontré le pouvoir de mobilisation, résultent avec éclat : – l’affirmation de la force fertile et irremplaçable d’une rencontre régulière et active avec l’art et les artistes pour chaque nouvelle génération, dès le plus jeune âge ; – des ambitions nouvelles, placées sous le signe de la responsabilité collective, afin que, sur chaque territoire, s’organise durablement cette rencontre pour tous nos enfants, de la proposition du conteur à celle de l’artiste «transdisciplinaire» qui convoque les technologies les plus avancées pour écrire, avec des jeunes, le monde de demain.
Avec tous les artistes et les professionnels qui se sont mobilisés et tournés vers le ministère de la Culture et de la Communication pour concevoir cet important temps fort, je souhaite aux enfants et aux jeunes, et à tous ceux qui les accompagnent dans la découverte et l’apprentissage sensible du monde qui les entoure, une très Belle Saison d’aventures et d’émotions artistiques.
Fleur Pellerin
Ministre de la Culture et de la Communication